En août 2018, alors qu’elle assistait à un concert dans la section VIP avec son conjoint qui portait un t-shirt où était inscrit au marqueur noir : “Afropunk sold out for white consumption, “afropunk vendu pour la consommation blanche”, iels ont été explusé.e.s violemment de la section par la sécurité sous les ordres de Matthew Morgan, le fondateur du festival. Que voulaient-iels revendiquer par ce message qui, de prime abord, peut sembler particulièrement violent? Nous y reviendrons plus tard. Il convient en premier lieu de soulever un point important: la réaction de l’organisation.
Afropunk qui se définit comme un environnement sécuritaire, un espace où les paroles peuvent être déployées en toute liberté a pourtant, par cette action, muselé la voix de l’une des activistes new-yorkaises les plus influentes de sa génération. De toutes les libertés qui ont été ôtées aux communautés noires des siècles durant, l’expression ou la narration propre est l’une qui a sans nul doute causé les plus grandes névroses (nous reprenons ici Fanon) et les plus profondes fractures dans la construction identitaire. Comment l’organisation pouvait-elle alors les contraindre au silence?
Suite aux dénonciations publiques d’Ericka Hart, nous espérions recevoir des excuses à la hauteur du préjudice subi, une remise en question des méthodes de l’organisation et peut-être même l’annonce de restructurations à venir. Au contraire, le 5 septembre 2018, via leur compte instagram, ce sont des excuses d’une agressivité passive à peine voilée qui ont été adressées à l’activiste et son conjoint.
Coup de massue supplémentaire dans un mur déjà bien endommagé, Lou Constant-Despostes, rédacteur en chef, présentait sa démission en invoquant des manquements éthiques. Sa voix fut également mise sous silence par l’organisation qui quelques jours après sa déclaration publique bloquait son compte instagram.